L’alimentation de nos carnivores domestiques : Stop aux idées reçues !
Une alimentation équilibrée et de bonne qualité est un atout majeur dans le maintien d’une bonne santé pour nos animaux comme pour l’Homme.
Mais avec l’abondance de l’offre et les dérives purement commerciales de nombreuses enseignes, les effets de « modes » du bien manger assimilé à une alimentation « biologique » ou « nature », les idées reçues véhiculées sur internet ou dans les médias, les propriétaires de Chiens et de Chats sont en proie aux doutes et nombreux questionnements quand aux choix nutritionnels à prendre pour leurs animaux.
Ainsi les régimes de nos animaux sont souvent à tord déséquilibrés, à l’origine de carences qui peuvent au long cours avoir un impact négatif sur leur santé.
Nous allons donc revenir sur quelques points essentiels.
1. Un carnivore n’a besoin de manger que de la viande pour couvrir ses besoins ? FAUX
La confusion vient de l’assimilation de carnivore synonyme de « manger de la viande » qui est une définition restreinte.
Le carnivore est un animal qui se nourrit de chairs animales dont la « viande » (muscles) fait partie.
Il ingère donc également les autres organes de sa proie (peau, os, organes internes…) qui participent à son équilibre alimentaire (apport de minéraux, oligoéléments, vitamines, lipides, glucides …).
Par ailleurs, si le Chat est un carnivore strict (qui signifie que son besoin en protéines animale est incompressible car il ne peut pas les synthétiser à partir d’autres aliments), le Chien, lui, est un carnivore « opportuniste » voire un omnivore dont le régime alimentaire est plus diversifié.
Quoiqu’il en soit, Chien comme Chat ont des besoins en protéines supérieurs à ceux de l’Homme.
Et depuis leur domestication (15000 ans pour le Chien, 5000 ans pour le Chat), nos carnivores ont subit des adaptations morphologiques et génétiques leur permettant notamment de digérer d’autres nutriments dont notamment l’amidon.
Donc, ne donner que de la viande est source de déséquilibre alimentaire.
2. Céréales, Amidon et glucides : c’est la même chose ? FAUX
Les glucides sont une grande famille qui inclut les « sucres assimilables » que sont « les sucres rapides » et les « sucres complexes » (amidon), tous source d’énergie et les sucres « non assimilables » dont les fibres, indispensables à un bon transit alimentaire.
L’amidon est donc un sucre complexe, forme de réserve des végétaux qui est notamment fourni par les céréales mais aussi les tubercules (pommes de terre, patates douces…) ou les légumineuse (pois, lentille…).
Il ne faut donc pas tout confondre.
3. Les glucides entrainent des maladies chez nos animaux ? FAUX
Les glucides sont une source d’énergie efficace qui permet d’économiser les autres nutriments dont les protéines.
En effet, les protéines peuvent être transformées après digestion et prise en charge par le Foie en glucides, on parle de néoglucogénèse.
Si l’animal n’a pas assez de glucides, il va utiliser les protéines à cet effet qui seront moins disponibles pour d’autres fonctions plus nobles (muscles, système immunitaire, enzymes…).
Donc les glucides sont indispensables à un bon équilibre alimentaire à condition de maitriser leur quantité et leur digestibilité. Les éliminer de leur alimentation, c’est décider d’augmenter soit la part des lipides (surpoids, risque de pancréatite, …), soit celle des protéines (surcharge pour les reins, troubles digestifs, …).
Par ailleurs, les glucides ne sont pas à l’origine de diabète sucré.
Les études scientifiques ont démontré chez le Chien et le Chat que le premier facteur de risque du diabète est l’obésité. Celle ci est favorisée par une alimentation trop riche (lipides) ou en trop grande quantité et un mode de vie sédentaire.
4. Les chiens et les chats ne digèrent pas bien les glucides ? FAUX
Chien et Chat digèrent l’amidon de leur alimentation à plus de 97 % à condition qu’il soit suffisamment cuit.
C’est au cours de leur domestication qu’ils ont acquis cette capacité à la différence du loup.
Néanmoins le Chat tolère une moins grande quantité d’amidon que le Chien, et cette capacité de digestion varie également d’une race de chien à l’autre.
C’est pourquoi il est intéressant de disposer d’une grande variété de gammes d’aliments industriels à teneur différente et source différente d’amidon afin de s’adapter aux capacités individuelles de digestion.
5. Des croquettes sans céréales : est ce possible ? est-ce recommandé ? FAUX
Il est impossible de produire une croquette sans amidon car les croquettes, comme nos céréales, sont formées à partir de la technique d’extrusion à haute température qui ne peut fonctionner que grâce à la présence d’amidon.
D’autres techniques de production existent (extrusion à basse température ou pressage à froid) mais leur usage reste limité de part leur coût et la lenteur de production.
C’est pourquoi toute marque revendiquant l’absence de céréales est davantage un argument « marketing » qu’une réalité.
6. Les céréales sont sans intérêt nutritionnel pour le chat et le chien, voire sont toxiques ? FAUX
Les céréales sont une source intéressante d’amidon dont les valeurs nutritionnelles ont été exposées et les processus de transformation pour favoriser leur digestibilité sont désormais bien maîtrisés.
Mais les céréales ont mauvaise presse à cause des mycotoxines.
Ceci est commun à notre alimentation tout autant qu’à celle des animaux et il est faux de croire que les céréales qui composent les aliments industriels de bonne qualité de nos carnivores ne sont pas étroitement contrôlées à ce sujet.
Bien sûr tout dépend du fabricant et de la source des matières premières qu’il utilise : des céréales « bio » sans pesticide aura tendance à contenir davantage de mycotoxines.
De plus, seules 2 mycotoxines (ergot de seigle et aflatoxine) sont considérées comme substances indésirables par la législation européenne.
Le risque est donc relatif et d’autant plus modéré que l’aliment choisi est issu d’un fabricant reconnu pour son cahier des charges et sa rigueur.
De plus, les intolérances au Gluten chez le Chien et le Chat sont excessivement rares (moins de 0,13%), ce qui est inférieur à ce qui est observé chez l’Homme et qui est infime comparativement aux intolérances à certaines protéines (bœuf, poisson, produits laitiers).
Ainsi croire que les croquettes parce qu’elles contiennent des céréales sont une cause d’intolérance alimentaire ou de problèmes de peau est faux.
7. Les croquettes son meilleures pour la santé que les aliments « humides » (boite/pochons) ? FAUX
Chaque aliment a des avantages et leur usage est complémentaire.
L’aliment sec est un aliment complet pratique d’usage, lors des déplacements, permet une mastication limitant la formation de plaque dentaire, a moins tendance à sécher et perdre de sa valeur gustative, est plus économique.
L’aliment humide permet un apport en eau supérieur (très utile chez les animaux âgés, les chats, les insuffisants rénaux, ceux présentant des calculs urinaires…), est plus appétant que les croquettes pour les animaux malades ou difficiles, est plus facile à consommer en cas de problème buccal.
Ainsi mixer l’alimentation dès le plus jeune âge est une bonne idée qui permettra de diversifier l’alimentation des Chiens et des Chats en cas de besoin.
De même, lors d’obésité, l’apport d’aliment humide en plus des croquettes est une bonne solution pour rassasier davantage un animal glouton.
8. L’alimentation ménagère est meilleure pour la santé que l’alimentation industrielle ? FAUX
L’alimentation ménagère (faire la cuisine pour son animal) est équivalente en terme de qualité nutritive qu’une bonne alimentation industrielle A CONDITION qu’elle soit correctement réalisée.
En effet, Chien et Chat n’ont pas les mêmes besoins que l’Homme et croire que l’apport de repas équivalents et variables est un solution est une erreur.
Cette pratique ou l’ajout aléatoire d’aliments en proportion variable est source de carences qui ne se voient pas rapidement et donne la fausse impression d’être sans conséquences.
Chiens et Chats ont ainsi besoin de protéines (viandes, poissons, œufs), de fibres (légumes), d’amidon (riz, pâtes, lentilles…), d’acides gras essentiels (huiles végétales) de minéraux, de vitamines et d’oligoéléments.
Les proportions de chaque aliment doivent être calculées par un professionnel car sont fonction de chaque animal, de sa race, de son âge, de son statut, de son mode de vie, de ses capacités de digestion. Par ailleurs, l’apport d’un complément phospho-calcique et vitaminique est indispensable car même en bonnes proportions, ces aliments ne couvrent pas la totalité des besoins de nos animaux.
Enfin la difficulté de ces rations réside dans leur reproductibilité quotidienne : il faut disposer de suffisamment de temps et de rigueur pour préparer chaque jour la même ration dans les mêmes quantités pour éviter là encore tout déséquilibre alimentaire.
C’est pourquoi l’aliment industriel de bonne qualité est un moyen d’éviter des déséquilibres, est plus rapide et de coût équivalent.
9. Manger « végétarien », « vegétalien », « BARF » est une alternative aux régimes industriels ? FAUX
Même si l’apport de protéines végétales est possible et parfois choisies par certaines marques de croquettes dans certaines indications (allergie alimentaire notamment) le choix d’éliminer toute source protéique animale est un choix risqué qui ne répond pas aux besoins nutritionnels de nos animaux ni à leur capacité de digestion.
Dans tous les cas, choisir ce mode végétarien d’alimentation nécessite de faire appel à un nutritionniste vétérinaire afin de calculer une ration adaptée qu’il faudra la encore complémenter en minéraux et vitamines et dont les proportions quotidiennes seront à respecter.
Le régime végétalien est quand à lui complètement contre indiqué.
Enfin la mode du BARF ou alimentation à base de viande crue, légumes et cou de poulets…, entre autres, si elle se veut naturelle est une alimentation à risque pour nos compagnons.
Tout d’abord parce que la viande crue doit être d’une qualité et fraîcheur irréprochable et que même dans ce cas n’est pas dénuée de risque de transmission de bactéries ou de parasites en l’absence de cuisson.
Ensuite parce que l’apport de petits os de poulet pour couvrir l’apport en minéraux peut être à l’origine de perforations digestives ou de grave constipation.
Enfin parce qu’il est là encore difficile de reproduire quotidiennement une ration identique et de qualité qui couvre la totalité des besoins nutritionnels de nos animaux et à un coût souvent non négligeable dès que votre animal dépasse 10 Kg de poids.
En conclusion, l’alimentation de nos carnivore est une science qui ne s’improvise pas et que seuls les professionnels de santé et les spécialistes nutritionnistes, impliqués dans l’élaboration de régimes adaptés à nos carnivores, maîtrisent.
Il est donc recommandé de prendre conseil auprès de votre vétérinaire, lui même formé au cours de cursus dans cette discipline, afin de choisir l’alimentation la plus adaptée et personnalisée pour votre animal.
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